"J'ai tant appris et enduré,

que je suis à elle par habitude"

Poème de Bryan à Valérie




Quelle étrange peur, je n'aborde son sourire que les yeux fermés. Je suis comme un enfant, qui admirant la splendeur des fruits luisants dans les arbres pesants de la nuit, troublé par leur beauté, ne touche à aucun fruit.

Plus que le désir, je sens la crainte;

Debout muet, je n'ose l'appeler.

Cet être gracieux, brillant,

Si lisse, mince, menu et virginal,

Précieuse personne ornée de perles,

Dans ses atours de princesse,

Dans la plénitude de sa beauté.

Elle est comme l'or,

Comme le grain demi-mûr

Qui se fond dans l'or encore

Aussi blanche que la pluie brillante.

Le miel peut-il distiller

De sa chevelure blanche

Qui ombre sa blanche nuque

D'une tache de lumière

Un parfum tel Réminiscence ?

Sa chevelure est un royaume

Dont le roi est l'obscur.

Son front est un envol de fleurs,

Son visage est une forêt vivante,

Remplie d'oiseaux endormis,

Son corps est un rameau,

Ses jambes sont de blancs chevaux

Attelés à un char de roi,

Son visage est un écrin

Pour les frais joyaux de son esprit,

Sa chevelure sur les épaules est

L'approche du printemps,

Ses jambes sont des arbres de rêve

Dont le fruit est la nourriture même de l'oubli,

Ses lèvres sont comme des seigneurs vêtus d'écarlate,

Ses poignets sacrés sont les gardes des clefs de son sang,

Ses yeux sont savoureux dans le visage,

Comme des flaques dans les rochers,

Les pupilles de ses yeux sont émaillées

Par la chaleur de la lumière solaire,

Ses mains avec leurs ongles et leurs os délicats,

Sont comme les membres fragiles des petits oiseaux,

Sa beauté est comparable à celle de la déesse lunaire,

Sa taille est fluette comme la tige d'un abricotier,

Sa peau a la blancheur vertigineuse de la neige.

Son visage semble pétri de neige baignée de lune,

Les nuages perdent leur beauté à côté de

La luminescence de sa longue chevelure,

La neige perd sa splendeur à côté de

La blancheur idéale de sa peau,

Les fleurs doivent être jalouses de se voir moins pétillantes qu'elle...

 

Plus blanche que le plumage du cygne,

Plus fleurie que les près,

Plus claire que le cristal,

Plus douce que le calme flot du lac,

Plus noble que la montagne,

Plus limpide que la glace,

Et surtout, car c'est là mon urgente blessure,

Plus silencieuse que la biche aux abois de la meute.

  Quand je fus devant elle la première fois que je la vis, mon coeur battit si fort, qu'il lui resta quand je partis. J'ai tant appris et enduré, que je suis à elle par habitude. Et même si cela l'indisposait, j'ai tant de souvenirs, que j'ai peur que mon coeur ne soit toujours en captivité auprès d'elle.

 

 

Bryan


 Dernière mise à jour : 07/10/97 - Copyright 1997, Canal+ Multimédia. Tous droits réservés.