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Par un beau matin de juillet...

 
Brioches, croissants, tresses, pains au chocolat ...cette bonne odeur de pâte chaude qui s’échappe de la rue de Conti...C’est ça Paris, c’est ça la France ;-) La petite baguette ou la ficelle encore tiède, beurrée, prête à accueillir la souriante gelée de framboise.
C’est l’odeur qui me fait émerger le matin, ou le souvenir de ce tendre moment passé avec Millefeuilles. C’est lui qui s’est levé, rapidement habillé, engouffré dans la boulangerie, et revenu m’embrasser sur le front pour me réveiller, encore tout parfumé d’embruns briochés.
D’où vient cette familiarité affectueuse avec la viennoiserie ? Et puis ce nom -Millefeuilles- ?
Je m’extirpe des draps, les enroule autour des hanches (après tout c’est mon premier matin avec Millefeuilles), me glisse dans la salle de bain, en ressort les cheveux mouillés mais peignés. Millefeuilles est là, en train de verser dans mes tasses de porcelaines, un chocolat préparé secrètement.
« Millefeuilles, raconte-moi ton chocolat.
- Mon chocolat, je le prépare avec du vrai chocolat en morceaux à 70% de cacao, et je le fait fondre doucement au bain marie...
- Allez hop, au bain Marie !
- Non, pas du tout. Le bain marie consiste à faire chauffer un bol dans une casserole d’eau frémissante, afin de faire fondre doucement et progressivement le chocolat, sans oublier de touiller...
- Touiller ?
- Remuer, agiter, avec...
- ...une cuillère en bois, comme ça je pourrai lécher le chocolat collé !
- Si tu veux ? ajoute Millefeuilles, amusé par la bouille enfantine de Florentine. Veux-tu savoir la suite ?
- Et alors... ? Je suis plutôt intriguée.
- Alors, repris Millefeuilles d’un air énigmatique, comme s’il allait révéler un secret d’alchimiste, tu verses le lait entier doucement avec précaution sur la masse chaude de chocolat tout en touillant, et, c’est là le grand secret, tu mets des glaçons dans ta bouche pour avoir l’haleine bien fraîche, et de temps en temps tu souffles sur le bol pour apaiser la trop violente réaction du chocolat chaud.
- Je ne te crois pas.
- En fait, cela marcherait peut être, mais je n’en suis pas sûr !
Sentant Millefeuilles prêt à des confidences, Florentine teste le terrain de ses origines.
- Et toi, avec ton nom tu n’aurais pas des origines viennoises ?
- Je ne suis ni viennois comme le chocolat et non plus de la viennoiserie comme les croissants, brioches et autres pains aux raisins. Moi je suis issu de la pâtisserie se reprit-il d’ajouter avec une certaine morgue.
- Moi aussi je préfère le mystère Millefeuilles. Ne me dis pas tout, de suite. Et puis j’ai trop faim maintenant pour effeuiller tes mystères !


Faim


Millefeuilles & Florentine